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1934, 25 octobre – Gaston Gauvin, 20 ans; Fernand Gauvin, 16 ans; Marie Bilodeau, 63 ans; Rosalie Bilodeau, 62 ans; Yvette Gauvin, 21 ans; et Octave Fiset, 60 ans

  • 25 déc. 2024
  • 4 min de lecture


Meurtre d’autorité – arme à feu (revolver de calibre .32) – tuerie de masse

Québec, Sainte-Thérèse-de-Laval – 3 SC

Joseph Rosario Bilodeau, leur oncle, pendu.

Le 25 octobre 1934, vers midi, Joseph Rosario Bilodeau, un facteur de 38 ans sans emploi depuis deux ans, a invité ses neveux Gaston, 20 ans, et Fernand Gauvin, 16 ans, à une partie de chasse dans un boisé près de Québec. Au milieu des arbres, alors que ses neveux lui tournaient le dos, Bilodeau a sorti de sa poche un pistolet automatique allemand de marque Mauser de calibre .32.  Froidement, il les a abattus en leur tirant dans la tête.

De retour en ville, Bilodeau a téléphoné à ses sœurs Mlle Marie Bilodeau, 63 ans, et Mlle Rosalie Bilodeau, 62 ans, pour leur offrir une balade en voiture. L’invitation concernait également la nièce de 21 ans, Yvette Gauvin. Les trois femmes ont accepté de le suivre à bord de sa voiture jusqu’à un boisé situé près de Sainte-Thérèse de Laval. Là, encore une fois, il a dégainé son arme de poing et les a assassinés en leur tirant en pleine tête.

Vers 15h15, dans le quartier Limoilou, Octave Fiset, surintendant du service de livraison de la poste, se trouvait dans le bureau du maître poste B.-L. Morin lorsqu’il a vu entrer son ancien employé Bilodeau. Ce dernier, sans le moindre avertissement, a sorti son arme et tiré à trois reprises sur Fiset, qui devait mourir de ses blessures. Il a également blessé Moïse Jolicoeur, ainsi que Morin. Le bilan de la folie meurtrière de Bilodeau atteignait maintenant six victimes.

Peu de temps après la fusillade du bureau de postes, Bilodeau a été arrêté par le constable Patrick Horrigan. En arrivant au poste de la police municipale de l’hôtel de ville, Bilodeau a déclaré au chef Lauréat Lacasse  : « Faites de moi ce que vous voudrez, j’ai accompli ce que j’avais à faire. » Une trentaine de minutes plus tard, J.-E.-S. Gauvin, beau-frère du suspect, a fait irruption dans le poste pour annoncer aux policiers la disparition des deux sœurs et de la nièce. Sous les questions de Lacasse, Bilodeau a rapidement avoué avoir commis cinq autres meurtres au cours de la journée. Sans tarder, Lacasse et d’autres policiers l’ont accompagné sur les lieux de ses crimes. La première découverte sanglante a été celle des deux sœurs et de la nièce.  Sur place, Bilodeau a dit : « ici j’en ai tué trois; les deux autres sont là-bas, sur la montagne. »

Il a cependant fallu attendre au matin du 26 octobre pour découvrir les corps de Gaston et Fernand Gauvin. « Rosaire Bilodeau était, de l’avis de ceux qui le fréquentèrent, un homme sombre qui jamais n’adressait la parole à qui que ce soit. Des journées il écrivait au clavigraphe de longues lettres qu’il déchirait ensuite. En outre, il partait fréquemment pour aller vivre seul, dans une espèce de cabane qu’il s’était bâtie dans le bois. Là, il faisait des fouilles dans le sol, car il prétendait y trouver de l’or. Il n’était guère en bons termes avec sa famille, soit ses deux sœurs, sa nièce, son beau-frère et ses deux neveux qui, tous demeuraient au No 3 1-2 du Chemin de la Canardière. »[1]

Le procès de Bilodeau s’est ouvert au matin du 24 janvier 1935. Il était défendu par Me Antoine Rivard et Me Wheeler Dupont, tandis que Me Valmore Bienvenue occupait pour la Couronne. La cause était présidée par le juge Albert Sévigny. Marguerite Labrecque a témoigné à l’effet qu’elle avait reçu une lettre de Bilodeau le 27 octobre mais qu’en réalité elle était datée du 24, la veille de la tuerie.  Dans cette missive, l’accusé lui faisait part de son testament.  Puisque Marguerite avait brûlé la lettre, ce document n’a donc jamais été déposé en preuve. De mémoire, elle se rappelait y avoir lu : « tu ne me reverras probablement plus jamais » ou « les journaux t’apprendront quelque chose de terrible contre moi. Sois brave et courageuse. »

Le testament, en revanche, a été produit en preuve. Celui-ci prévoyait que Bilodeau avait l’intention de léguer à Marguerite tous ses effets, y compris deux automobiles. Questionnée par Me Bienvenue, elle s’est rappelé avoir vu une arme de poing dans les mains de Bilodeau. D’ailleurs, elle a reconnu le Mauser de calibre .32 déposé en preuve.

Laurent Tanguay, un cadre au Bureau de Poste, a raconté avoir accueilli les plaintes de M. Jolicoeur portées contre l’accusé. Il a également produit deux lettres dans lesquelles « l’accusé se plaint surtout des manœuvres politiques de M. Jolicoeur qu’il accuse d’être un agent secret d’Ernest Lapointe et d’Oscar Drouin. Ces lettres sont de 1930.  Elles accusent aussi M. Jolicoeur de toujours chercher à persécuter et à compromettre les employés du Bureau du Poste. »

La stratégie de la défense se basait sur le fait que l’accusé était inapte à subir son procès. Me Dupont a plaidé ainsi : « la défense ne nie pas que Fiset soit mort; elle ne nie pas que l’accusé soit l’auteur du meurtre, mais elle nie qu’il en soit responsable et elle soumet que la maladie mentale de Bilodeau a été trop surabondamment prouvée au cours des témoignages pour que la société puisse prendre sur elle d’envoyer cet homme à la mort. Pas plus que les individus, la société n’a pas le droit d’assassiner. Ce que nous voulons c’est un verdict de non-culpabilité pour cause de folie. Nous ne voulons pas que l’accusé soit remis en liberté; nous serions peut-être les premiers à tomber sous ses balles. Mais nous avons le droit de demander qu’il soit interné et soigné comme un malade mental. »

Malgré ces efforts, le jury a opté pour la version de la Couronne. Le juge Sévigny a aussitôt condamné Bilodeau à être pendu le 12 avril. Tout au long du procès, le tireur-fou serait demeuré froid et sans expression. La date de l’exécution a été repoussée mais Bilodeau était destiné à mourir sur l’échafaud de la prison de Québec le 14 juin 1935. Pour l’occasion, Le Soleil a écrit que « la société n’exerce pas de vengeance contre les criminels mais elle doit leur faire subir un châtiment qui constitue un exemple et une leçon. »



[1] Ibid.

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