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1937, 29 octobre – Marie Louise Fournier Viau, 45 ans



Homicide domestique par un conjoint non suicidaire – Objet contondant (marteau) – Mise en scène

Montréal, rue Charlemagne - 2 SC

Louis Viau, son mari, pendu.

            C’est à 8h44 au matin du 29 octobre 1937 que deux citoyens, le restaurateur Michel Carlori et Armand Landry, du 6310 rue Saint-Vallier, ont découvert le corps de Marie-Louise Fournier Viau, 45 ans, au milieu de la rue Charlemagne à Montréal. Les deux amis ont d’abord cru à un sac oublié avant de comprendre qu’il s’agissait du corps d’une femme. « Elle avait le crâne fracturé et sa cervelle était répandue dans la rue », a précisé La Patrie. Considérant qu’il pouvait s’agir d’un accident, les deux hommes ont contacté les policiers du poste 34 et le lieutenant Leduc est débarqué sur les lieux. Celui-ci a compris qu’il s’agissait plutôt d’un meurtre, et il a contacté à son tour l’inspecteur Armand Brodeur. Malgré la pluie et l’eau qui ruisselait sur le pavé, ce dernier a constaté que les semelles des souliers de la victime étaient sèches. La femme portait encore un manteau et un chapeau. Il en a déduit qu’elle avait été assassinée alors qu’elle se trouvait dans une automobile avant d’être jetée dans la rue. Marie-Louise, apprit-on plus tard, laissait dans le deuil cinq jeunes enfants.

            À l’aide des papiers, mais aussi parce qu’il la connaissait de vue, l’inspecteur a rapidement identifié la victime. « Brodeur se souvint que la femme, dont il avait trouvé l’adresse dans sa sacoche, était l’épouse de M. Louis Viau, employé comme homme de lignes de la Montreal Light Heat. »[1] Après avoir pris des photos de la scène, les policiers ont expédié le cadavre à la morgue. Ils se sont ensuite rendu à la demeure de la victime, où ils ont trouvé son mari, qui leur a déclaré être sorti avec sa femme en automobile tôt dans la soirée avec l’intention de faire du magasinage à Rosemont. Sur le chemin du retour, il a prétendu qu’elle était descendue de voiture sur le boulevard Rosemont pour rentrer à pied. Il serait donc revenu seul à la maison, où il avait remisé le véhicule dans le garage. Mais Brodeur a reconnu Viau pour l’avoir déjà interrogé dans une affaire de sabotage de lignes de transmissions durant la grève des employés de la Montreal Light Heat, quelques années auparavant. À cette époque, il avait interrogé le mari et sa femme.

            Le lendemain, lorsqu’on a découvert un marteau de mécanicien encore taché de sang à une centaine de pieds du corps, le scénario a évolué. Les détectives ont compris que Marie-Louise avait d’abord été assommée par un coup de poing dans l’œil droit. Selon leur hypothèse, c’est ensuite que l’assassin avait utilisé le marteau avant de la laisser dans la rue tout en lui installant sa bourse entre ses mains pour tenter de faire croire à un accident de voiture. La police possédait suffisamment d’éléments pour éviter de se laisser avoir par la version du mari, qui a aussitôt été mis en état d’arrestation. Le soir même, une perquisition a été effectuée à sa résidence et il a été décidé de mettre aussi en état d’arrestation une proche voisine sans toutefois révéler son identité. Pendant ce temps, le marteau était remis au Dr Rosario Fontaine qui a tenté d’y retrouver des empreintes digitales.

            Le procès de Viau s’est déroulé du 9 au 11 mars 1938 au palais de justice de Montréal devant le juge Wilfrid Lazure. Suite au verdict de culpabilité, le juge Lazure a fixé l’exécution au 17 juin 1938. Le 27 mai, le condamné a obtenu un premier sursis en Cour d’appel. On a alors reporté l’exécution au 25 novembre 1938. Le 24 octobre, un autre délai imposé par la Cour d’appel lui a donné l’occasion de vivre jusqu’au 20 janvier 1939.

            Jusqu’à la toute dernière minute, Louis Viau espérait une commutation de peine mais au matin du 19 janvier, on l’a informé que tout espoir s’était envolé et qu’il allait devoir mourir le lendemain matin.  Il a reçu la visite de tous ses enfants. Selon La Patrie, le dernier repas de Viau était composé d’un steak, de pommes de terre, d’un dessert et d’un café. À 7h45 au matin du 20 janvier 1939, Louis Viau est monté sur l’échafaud.[2]


 

[1] La Patrie, 30 octobre 1937.

[2] La Patrie, 20 janvier 1939.

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