2009, 20-21 février – Olivier Turcotte, 5 ans; et Anne-Sophie Turcotte, 3 ans
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Filicide par un père – Arme blanche (27 coups de couteau pour Olivier et 19 pour Anne-Sophie) - Surpuissance
Piedmont, rue Beaulne - 1 SC
Guy Turcotte, leur père, non criminellement responsable, puis reconnu coupable d’homicide lors d’un second procès.
Guy Turcotte et Isabelle Gaston, tous deux diplômés en médecine, se sont rencontré en 2001. En raison d’horaires chargées, le couple connaissait des hauts et des bas. Guy voulait des enfants, alors le 27 avril 2003, elle lui a donné un premier bébé, un garçon qui sera baptisé Olivier. Le couple a cependant continué de battre de l’aile, mais Guy insistait pour créer une famille et selon lui, un seul enfant n’était pas suffisant. Le 8 décembre 2005, Anne-Sophie a donc vu le jour.
La situation du couple ne s’est pas améliorée. Lors d’un voyage, Isabelle a fait vivre l’enfer aux parents de Guy, sans raison particulière, et elle aurait choisi de rénover la maison selon ses goûts, sans consulter son conjoint. Le Jour de l’An 2009, lors d’une fête avec un couple d’amis, Isabelle a flirté avec Martin Huot, en plus de se laisser embrasser par le barman. Guy s’est senti tellement mal qu’il a dû sortir prendre l’air. La séparation était devenue inévitable. Par ailleurs, Guy s’est senti trahi par une autre femme, la conjointe de Huot. Celle-ci lui avait promis d’attendre la fin de son voyage pour crever l’abcès, mais elle a plutôt décidé de le faire sans plus attendre. Le voyage au Mexique a donc été un enfer. À son retour, Guy s’est installé dans une résidence louée à Piedmont. Le même soir, Martin Huot se glissait dans le lit d’Isabelle, dans cette maison où elle a décidé, encore une fois, de refaire la décoration.
Le chirurgien cardiaque Guy Turcotte a continué de gérer sa vie sans rien laisser paraître. Il arrivait à garder son calme. Rien ne laissait présager ce qui allait se produire au cours de la soirée du 20 février 2009. Ce soir-là, il était seul dans sa nouvelle maison de location avec ses deux enfants. C'est en lisant les courriels échangés entre Isabelle et Martin (fournis par Patricia Giroux) que tout s’est écroulé autour de lui. Vers 20h30, Guy parlait au téléphone avec sa mère. Son discours était répétitif et désespéré, au point de lui demander de dire à tout le monde comment il les aimait.
Le lendemain matin, ses parents, inquiets, ont débarqué chez lui. Tout indiquait que leur fils était là mais qu’il n’ouvrait à personne. Ses parents ont donc appelé la police. À l’intérieur, les deux enfants ont été retrouvés assassinés. Ils avaient été massacrés à l’arme blanche. Olivier aurait reçu 27 coups de couteau et sa sœur 19. On a retrouvé leur père sous le lit, complètement mou et désorienté.
Le premier procès de Guy Turcotte s’est ouvert le 19 avril 2011. La défense reconnaissait le double meurtre mais elle a plaidé l’absence de préméditation et l’irresponsabilité criminelle pour trouble mental. Contrairement à ce que croyait une partie de la population, l’acquittement n’était pas une option. D'autre part, une autre portion du public a eu des doutes sur la tentative de suicide de Turcotte. Selon la chimiste et toxicologue judiciaire Anne-Marie Faucher, qui a témoigné sous serment, la quantité de méthanol dans l’organisme de Turcotte au moment de son arrivée à l’hôpital était mortelle. Sans le traitement qu’on lui a imposé (malgré son refus de recevoir les soins), il serait mort dans une plage de temps estimée entre 6 et 30 heures. Puisqu’il avait prévu passer toute la fin de semaine avec ses enfants, c’est l’intervention de ses parents qui, en quelque sorte, lui a sauvé la vie.
La Couronne a été incapable de prouver la préméditation. En juillet 2011, le jury a déclaré que Turcotte avait agi sans avoir pleinement conscience de ce qu’il faisait. On donc écarté la charge de meurtre pour lui imposer une thérapie pour une durée illimité.
Le 4 juin 2012, Turcotte est apparu pour la première fois devant la Commission d’examen des troubles mentaux du Québec. Les spécialistes ont alors jugé qu’il souffrait d’un trouble d’adaptation avec humeur dépressif, mais on a décelé aucun trouble psychique. On a donc conclu qu’il n’était pas prêt à être libéré de l’institut Pinel. On le considérait toujours comme dangereux.
Par ailleurs, on lui a accordé quelques droits de sorties, d’abord avec un accompagnateur. En septembre 2012, il pouvait sortir tout seul. La Commission a accepté de le libérer sous condition le 12 décembre 2012, jugeant cette fois “acceptable” son risque pour la société.
En novembre 2013, la Cour d’appel a annulé le verdict et ordonné la tenue d’un nouveau procès. Celui-ci a débuté le 14 septembre 2015. En décembre, après 7 jours de délibérations, le jury l’a déclaré coupable de meurtre non prémédité. Encore une fois, il a été impossible de prouver la préméditation mais on écartait l’aspect de la non-responsabilité.
Ainsi, le 15 janvier 2016, le juge lui a imposé une peine de 17 ans de prison. La même année, alors qu’il se trouvait à la prison de Port Cartier, le cardiologue a été battu par d’autres détenus.
En juillet 2018, Turcotte a renoncé à porter sa cause en appel devant la Cour Suprême. Ainsi, il allait devoir rester derrière les barreaux au moins jusqu’en 2033
Dans son livre publié en 2016, Me Clément Fortin, qui a révisé les transcriptions du premier procès, a surtout blâmé les sorties médiatiques d’Isabelle Gaston qui a fait “campagne” contre son ex-conjoint. Il a approuvé la conclusion du premier procès mais critiquait vertement celle du deuxième. Selon lui, le deuxième procès a eu lieu en raison de la pression populaire.
Jugement 2016:
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