1853, 30 octobre – Mme Joseph Gauthier
- 16 nov. 2024
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Homicide commis lors d’un vol – objet contondant (crosse d’arme à feu)
Yamachiche – 2 SC
Louis Théberge alias Lizotte, 28 ans, pendu; Édouard Berthiaume et Charles Leclerc, acquittés.
Le dimanche 30 octobre, un individu a fait irruption dans la maison des Gauthier à Yamachiche où il a volé une centaine de louis. Il a tué la femme de Joseph Gauthier à coups de crosse d’arme à feu devant de jeunes enfants. À la mi-décembre, il semble que le même individu se soit attaqué à une autre femme, cette fois à Saint-Barthélemi. L’homme a profité du fait que le mari était dans les bois pour la battre et menacer son jeune enfant avec une arme à feu. Avant de partir, il a laissé la femme pour morte après l’avoir frappé avec un tisonnier. Trouvée par son mari et soignée convenablement, elle a pu raconter ce qui lui était arrivé. À cette date, les autorités avaient déjà arrêté Édouard Berthiaume en lien avec le meurtre de Mme Gauthier.[1]
C’est après l’arrestation de Louis Théberge alias Lizotte, et surtout après sa comparution en avril 1854, qu’on a pu en apprendre davantage. Ce travailleur itinérant était parti de chez son beau-frère, à Saint-François de la Rivière-du-Sud, pour se rendre à Trois-Rivières, soi-disant pour y trouver un emploi. Le 27 octobre 1853, il se trouvait chez un certain Dupont, à Pointe-du-Lac, à qui il a dit être à la recherche de chevaux. Il a ensuite demandé s’il y avait des chevaux chez Joseph Gauthier, ajoutant qu’il avait entendu dire que celui-ci était riche. Il s’est rendu une première fois chez Gauthier, à Yamachiche. Lorsque Gauthier lui a dit qu’il n’avait pas de chevaux à vendre, Théberge lui aurait demandé comment retourner à Trois-Rivières en passant par les terres. Il s’est probablement caché pour attendre que M. Gauthier quitte la maison avant de frapper au cours de la matinée du 30 octobre. Au cours de l’après-midi, Dupont l’a croisé sur la route. Il lui a demandé s’il voulait monter avec lui, mais Théberge a continué de marcher en gardant le silence.
Quelques jours plus tard, Théberge s’est retrouvé à prendre un traversier à Champlain pour se rendre à Gentilly. Le responsable du traversier, un certain Hamelin, lui a demandé l’heure, et c’est là qu’il a vu que Théberge avait une montre en cuivre. De retour chez son beau-frère, il a expliqué avoir trouvé de l’argent laissé par des voleurs de banque dans une cruche. Par ailleurs, une petite fille a trouvé dans ses bottes une montre en cuivre. Théberge a conseillé à son beau-frère de la détruire, car si on la trouvait il risquait d’avoir des ennuis. Le beau-frère a plutôt décidé de l’apporter à un représentant de l’ordre. Dans les vêtements de Théberge, on a aussi retrouvé deux revolvers et de l’argent. Quant à la montre, on a fini par l’identifier comme étant celle de Joseph Gauthier, de Yamachiche.
Théberge venait à peine de sortir du pénitencier pour un autre crime. Selon le registre de la prison de Trois-Rivières, il avait 28 ans, les cheveux bruns et les yeux gris. Il était l’un des rares prisonniers de l’époque à mesurer 6 pieds. Quant à son caractère, il a été décrit comme « mauvais ». Théberge a subi son procès au palais de justice de Trois-Rivières en septembre 1854. Le 16 septembre, il a été reconnu coupable tandis que ses co-accusés, Édouard Berthiaume et Charles Leclerc, ont été acquittés. Le 3 décembre 1854, Théberge est devenu le deuxième criminel pendu dans l’enceinte de la prison de Trois-Rivières, devant une foule estimée à 5 000 personnes. Or, la population de la ville comptait 4 004 habitants en 1851 et 5 769 en 1861.[2]
[1] On parle aussi d’un certain McGinnis, mais son nom disparaît ensuite des journaux. En fait, c’est un certain Charles Leclerc qui sera aussi soupçonné de complicité
[2] « Exécution de Théberge », Le Canadien, 6 novembre 1854, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec; « Execution - Théberge », The Montreal Witness, 8 novembre 1854, sect. The News, Revues et journaux québécois, Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Procès-verbal du procès:
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