1880, 29 mars – Odélide Désilets
- 17 nov. 2024
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Dernière mise à jour : 19 nov. 2024
Homicide sexuel désorganisé – arme blanche (couteau) – mutilation
Saint-Valère-de-Bulstrode, comté de Nicolet – 2 SC
Cléophas Lachance, son voisin de 22 ans, pendu.
C’est à Saint-Valère-de-Bulstrode, un village du comté de Nicolet, qu’Odélide Désilets s’est rendue, en compagnie de son père, chez les Lachance, qui habitaient eux aussi le 10e rang. Le 29 mars 1880, Désilets est retourné chez lui en laissant sa fille en compagnie des femmes de la famille Lachance. Pendant ce temps, le père Lachance s’est absenté pour assister à un encan, mais son fils de 22 ans, Cléophas, se trouvait à la maison. Ce soir-là, Odélide n’est pas rentrée. Son père a d’abord cru qu’elle avait accepté une invitation à dormir chez les voisins. Toutefois, au retour de Lachance, celui-ci a découvert que son fils Cléophas était blessé aux mains. Ce dernier a affirmé être tombé contre le tranchant d’une hache. Cléophas était un jeune homme de 21 ans « de petite taille et avec une tête un peu trop large pour sa stature. C’est un garçon plutôt renfermé, certains vont même jusqu’à dire qu’il n’est pas très intelligent. »[1]
Le lendemain, c’est dans un puits situé sur la propriété Babineau qu’on a retrouvé le corps d’Odélide. Des traces de sang autour du puits ont attiré l’attention. La victime y a été plongée tête première. Selon Le Journal des Trois-Rivières, son cadavre portait de nombreuses blessures au cou et sous le menton faites par un objet tranchant. On lui avait également coupé une main. L’enquête du coroner a désigné Cléophas Lachance comme criminellement responsable.[2] C’est le grand connétable de Montréal, Adolphe Bissonnette, qui s’est chargé de l’enquête puisque les autres représentants de l’ordre de la région ne parlaient pas un mot français. Chez les Lachance, il a trouvé des couteaux et des mocassins correspondant parfaitement aux empreintes de pas laissés autour du puits. Le 9 avril, le prisonnier est passé aux aveux, révélant entre autres avoir suivi Odélide pour l’aborder sur la propriété de Babineau, qui était abandonnée. Il a aussi admis son intention de la traîner dans la grange pour la violer. « Je lui ai demandé pour l’embrasser, elle m’a refusé; elle m’a repoussé et je suis tombé, je me suis relevé et étant fâché, j’ai sauté sur elle en la frappant avec mes poings, et là, je l’ai jeté à terre en la tenant par le cou. »[3]
Ensuite, il a sorti un couteau mais Odélide a réussi à le désarmer. Il a cependant repris l’arme pour achever sa victime. Lors de son procès, en novembre 1880, la défense a plaidé la folie mais les jurés ont préféré croire la version de la Couronne, qui a souligné que le crime avait été planifié. Cléophas a été reconnu coupable et condamné à être pendu. Tandis qu’il attendait son exécution, sa famille s’est relocalisée aux États-Unis. Il a été pendu peu de temps après. Sa dépouille a été inhumée dans la cour de la prison. Un journaliste qui l’a rencontré une heure avant l’exécution, a écrit que Cléophas lui paraissait « être une espèce d’idiot et son terrible sort semblait l’affecter très peu. »[4]
[1] Cinq-Mars, op. cit., p. 75.
[2] Comme l’indique Cinq-Mars, p.75, on désignait à cette époque la détention préventive sous l’expression de « sûreté de personne ».
[3] Cinq-Mars, op. cit., p. 81.
[4] Cité par Cinq-Mars, op. cit., p. 83.
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