Homicide à motif indéterminé – Empoisonnement (arsenic)
Charlevoix – 1 SC
Eusébie Boutet (Tremblay), sa voisine, condamnée à mort, sentence commuée.
Le 10 juillet 1883, Eusébie Boutet a invité sa voisine Célina Guay à venir chez elle, insistant pour que celle-ci laisse ses enfants à la maison. Plus tard, Célina a confié à des proches que le verre de vin que lui a servi sa voisine était drôlement sucré. Peu après, elle est tombée gravement malade. Le même soir, Eusébie s’est de nouveau présentée chez elle pour lui prodiguer des soins, mais Célina l’accusait déjà de l’avoir empoisonné. Finalement, Célina Guay s’est éteinte peu de temps après.
Le 4 août 1883, entre 23h00 et minuit, le sergent Édouard Harpe de la Police provinciale a retrouvé la présumée meurtrière alors qu’elle se cachait chez son frère. Le procès de « la Boutet », comme les journaux l’ont surnommé, s’est déroulé du 13 au 18 octobre 1884 au palais de justice de Québec. Les témoignages ont été contradictoires quant aux relations qui existaient entre les deux femmes. Juste avant sa mort, la victime a lancé : « mon Dieu, c’est Eusébie qui m’a empoisonné, je vais mourir. » Selon un expert, la victime aurait ingurgité de l’arsenic.[1] Les jurés ont délibéré durant plusieurs heures avant d’annoncer leur mésentente. Dans son édition du 20 octobre, Le Canadien a souligné que le juge « ne peut comprendre qu’après avoir passé de si longues heures à délibérer les jurés ne soient point en mesure de faire connaître leur décision, c’est réellement une moquerie de la justice. La preuve est tellement claire, évidente qu’il faut être aveugle pour ne point rendre immédiatement un verdict. »
Les jurés sont donc retournés faire leur devoir avant de revenir, cette fois, avec un verdict unanime de culpabilité. On a cependant senti le manque d’objectivité de la part du Canadien, qui s’est permit d’écrire que « le verdict qui vient d’être rendu fait honneur au jury. Un verdict contraire aurait été une honte pour l’administration de la justice, une violation du serment que le jury prête, de proclamer l’innocence de l’accusé, ou la culpabilité du criminel. »
L’exécution de la condamnée a d’abord été fixée au 28 novembre 1884 avant que sa peine soit commuée en emprisonnement à vie.
[1] Le Canadien, 18 octobre 1884.
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