Meurtre par passion – Arme à feu – Arme blanche – Mise en scène
Saint-Ferdinand, Estrie – 1 SC
Rémi Lamontagne, son beau-frère, pendu; et Léda Lamontagne, acquittée.
Le 18 juillet 1888, vers 23h00, Rémi Lamontagne est venu frapper chez son beau-frère, Napoléon Michel. Ce dernier avait épousé sa sœur Léda, le 13 février. Le couple habitait une modeste demeure située dans le rang de Wolfstown, près de Saint-Ferdinand, dans la région de Sherbrooke. Après avoir bu quelques verres, Lamontagne est retourné chez lui pour ensuite revenir chez Napoléon. Cette fois, il a été accueilli par un revolver que Lamontagne lui pointait dans le visage. Partiellement atteint à la tête, Napoléon Michel s’est effondré. Lorsqu’il a repris conscience, il avait la gorge tranchée et sa maison était en flammes. Malgré tout, il a trouvé la force de se traîner chez un voisin.
Le 13 août, Michel a enregistré une déposition devant le juge Rioux, en présence de sa femme Léda. Il accusait clairement le frère de celle-ci de l’avoir attaqué. Trois jours plus tard, Michel succombait à ses blessures. Léda a été accusée du meurtre, tout comme son frère, qui avait cependant pris la fuite. Le 24 octobre, une récompense de 1 000$ a été offerte dans La Presse pour sa capture. Le 27 octobre, James Grimard, un autre beau-frère de Lamontagne, le livrait aux autorités.
Le procès s’est ouvert le 2 octobre 1890 au palais de justice de Sherbrooke. Léda Lamontagne, qui avait elle aussi connue sa période de cavale aux États-Unis, s’est avérée être un témoin récalcitrant. Il semble que l’inceste pourrait expliquer le mobile du meurtre. Le jour même du mariage de Léda, selon des témoins, celle-ci se serait retrouvée toute seule dans une chambre isolée avec son frère. D’autres avaient constaté l’étrange complicité qui existait entre le frère et la sœur. Sans doute parce qu’il avait découvert quelque chose, Napoléon Michel avait commencé à dormir avec une hache près de son lit. Le 11 octobre, Rémi Lamontagne a été reconnu coupable. Quand on lui a demandé s’il avait quelque chose à dire, il a lancé : « simplement que je suis innocent »[1].
Une lettre en provenance des États-Unis écrite par le soi-disant véritable auteur du meurtre a vainement tenté de disculper le condamné.[2] La veille de l’exécution, Léda a affirmé qu’elle connaissait l’identité du véritable meurtrier. Le juge Jonathan Wurtele est donc revenu à Sherbrooke pour l’interroger. Vraisemblablement, l’information n’était pas crédible puisqu’il n’y eut aucune suite. Le 19 décembre 1890, une heure avant la pendaison[3] ou seulement une dizaine de minutes[4] le shérif Webb est mort subitement. Cet autre drame n’a pas changé grand-chose pour le supplicié, qui a été pendu peu de temps après.
[1] Bizier, op. cit., p. 123.
[2] Ibid., p. 123.
[3] Selon Bizier.
[4] Selon La Patrie.
Comments