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1888, 22 juin – Lucius Warren

  • 17 nov. 2024
  • 2 min de lecture


Homicide situationnel – arme à feu

Lac Mégantic – 1 SC

Donald Morrison, condamné à 18 ans de travaux forcés.

À son retour des États-Unis, où il avait travaillé comme cow-boy, Donald Morrison a découvert que son père avait été évincé de sa propre ferme par un officier militaire du nom de MacAulay. L’officier aurait même abusé du manque d’instruction du vieil homme pour l’arnaquer. Morrison a alors mis la pression sur les nouveaux propriétaires, jusqu’à ce que les autorités se mettent à ses trousses. Jack Warren a été embauché comme constable spécial pour l’arrêter. « Warren avait affirmé que, s’il y était forcé, il n’hésiterait pas à tuer Morrison et, pour donner du poids à ses vantardises, il s’exerçait au tir à la cible derrière l’hôtel où il logeait, sous les regards craintifs et admirateurs des enfants et des badauds, et il exhibait avec une ostentation proche du cabotinage la commission de constable spécial et le mandat d’arrestation signés par le juge de paix Joseph Morin qui attestaient du caractère exceptionnel de la mission qu’il n’aurait pas la chance de mener à bien. Il est autour de 14h quand Lucius Warren apprend que Morrison approche du pas débonnaire de l’homme en paix avec lui-même et ses voisins. Il est en train de siroter un verre de bière, son cinquième depuis le dîner, dans la taverne de l’hôtel. Il n’est à Lac-Mégantic que depuis quelques semaines mais il passe déjà pour un buveur solide. On chuchote, sans preuve, qu’il a été contrebandier d’alcool à l’époque de la construction de la voie ferrée qui relie Lac-Mégantic à Portland. Sans être ivre, il n’est plus tout à fait à jeun. D’un pas incertain, il sort de l’hôtel et va à la rencontre de Morrison et de son destin. Les deux hommes ne sont qu’à quelques pieds l’un de l’autre quand ils s’immobilisent et se toisent du regard. Warren somme Morrison de ne pas bouger. Morrison le somme de le laisser passer. Warren baisse lentement sa main droite vers l’étui dont dépasse la crosse du revolver qui ne le quitte plus depuis qu’il est à Lac-Mégantic. Ses doigts empoignent la crosse. Au moment où le canon de l’arme sort de l’étui, un coup de feu claque. Warren s’écroule comme un pantin désarticulé. Mort. La balle que Morrison a tirée à travers la poche de son veston lui a sectionné la carotide et la moëlle épinière. Hébêté, Morrison regarde le corps sans vie qui gît à ses pieds dans une mare de sang qui s’élargit de seconde en seconde, puis il s’éloigne d’un pas lent, indifférent à la foule silencieuse qui commence déjà à s’agglutiner autour du cadavre. »[1]

Au cours des mois qui ont suivis, Morrison a été pourchassé dans la région de Lac Mégantic et de Scottstown. Il est finalement arrêté et condamné à 18 ans de travaux forcés pour homicide involontaire. Il a été libéré en juin 1894 après avoir contracté la tuberculose en prison, mais il meurt quelques heures plus tard. Sa dépouille repose dans le cimetière Gisla, à Milan, au Québec.



[1] Gilles Dallaire, « La ferme paternelle échappe à Morrison dans des circonstances qui le laissent vraiment amer », La Tribune, 21 juillet 1989.

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