Profit personnel – Arme à feu
Montréal, Griffintown, angle des rues Ottawa et Young – 2 SC
John Kehoe, condamné à mort, sentence commuée.
Le 25 juin 1888, à Griffintown, des témoins ont entendu un coup de feu à l’angle des rues Ottawa et Young. Parmi eux se trouvait le sergent Watson, en service au poste no. 7. En arrivant sur les lieux, Watson est entré dans la demeure de Thomas Donnaly, le trouvant assis sur le bord de son lit. Donnaly, mortellement atteint, lui a demandé un médecin et un prêtre. Lorsque le policier a cherché à savoir qui avait tiré sur lui, le jeune homme a répondu : « Jack Kehoe. » Immédiatement, Watson s’est rendu chez Kehoe pour procéder à son arrestation, mais celui-ci avait disparu. « Les sergent Watson et Haynes firent des recherches et, quelque temps après, le découvrirent dans un grenier à foin en arrière de la maison. Lors de son arrestation le prisonnier déclara ignorer tout ce qui s’était passé et défia la police de pouvoir produire aucune preuve contre lui. Il prétendait n’avoir pas vu Donnely depuis six semaines. Le père dit que son fils n’a pus [sic] jouir de toutes ses facultés mentales depuis quelque temps. Lorsque M. Donnely fut blessé, le sergent Watson envoya chercher les docteurs Hingston et Guérin, qui virent que la balle l’avait frappé dans l’abdomen. Il est mort environ une heure après d’hémorragie interne. »[1]
Une trentaine d’années plus tôt, les pères de Kehoe et de Donnaly avaient été des associés commerciaux. À la mort du père Donnaly, à la fin des années 1870, le père Kehoe avait pris sa retraite mais non sans connaître quelques problèmes avec son fils. On racontait que John Kehoe avait été arrêté pour avoir volé son père. Ce dernier avait retiré sa plainte, mais pour le remercier son fils l’avait menacé avec un rasoir. Le mobile du crime pourrait bien se situer au niveau de l’argent, puisque le jeune homme aurait eu vent de l’importante somme découlant de la vente du commerce. Selon La Revue Légale, volume 18, Kehoe était le fils de Lawrence Kehoe alors que sa mère était décédée sans testament, ce qui le rendait copropriétaire avec son père d’un immeuble situé à Montréal. Son procès eut lieu en novembre 1888. Reconnu coupable, son exécution a d’abord été fixée au 14 décembre 1888.
Son père n’a fait aucun acte d’héritier et l’épouse de Thomas Donnelly, Margaret Dunphy, aurait institué une action en dommages et intérêts contre Lawrence Kehoe, le considérant comme l’héritier légal de son fils, qui était maintenant mort civilement avec cette sentence. Pour sa défense, Lawrence Kehoe a allégué qu’il n’était pas l’héritier de son fils. Finalement, après un débat juridique reposant sur plusieurs points, la requête de la veuve a été rejetée. Toutefois, avant la fin de ces procédures civiles, la peine de Kehoe avait été commuée en emprisonnement à vie.
[1] La Patrie, 26 juin 1888.
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