Homicide commis lors d’un vol – Arme à feu
Montréal, 609 rue Lagauchetière – 1 SC
Non élucidé. William Baykel (alias Boycau) et Fedor Fedora Beilin (alias Balan, alias Frank Belan), condamnés à mort lors d’un premier procès; acquittés dans un deuxième procès.
Au soir du 28 octobre 1919, quelques minutes après 23h00, quatre hommes armés et d’origine polonaise, dont le leader a été reconnu par un témoin comme étant un dénommé Boycau, sont sortis d’une voiture pour faire irruption au 609 de la rue Lagauchetière, à Montréal. La résidence appartenait à Lucia Trekenchugin, qui hébergeait des pensionnaires immigrants. Pietro Shulham, 46 ans, dormait dans le corridor sur un lit de camp. Il a été le premier à être confronté aux intrus, dont l’un a pointé une arme sur lui avant de tirer, sans aucune parole ni motif. Une balle en plein cœur, Shulham a été tué sur le coup.
Dans une autre pièce, Steffan Womeakaski a lui aussi été blessé par un projectile, après quoi les quatre voleurs ont fouillé les lieux, à la recherche d’argent et d’objets de valeur.
Le constable Lavoie du poste no. 2 patrouillait dans le secteur au moment d’entendre quelqu’un venir vers lui en criant « Au meurtre! » Croyant que les criminels se trouvaient encore dans l’immeuble, Lavoie a d’abord téléphoné à ses collègues pour obtenir des renforts. Ainsi, les agents Tétreault, Poirier et Pelletier ont été envoyés sur les lieux, suivis par les détectives Lemire et Royal. « Dans le passage, un cadavre était étendu sur un lit de camp. Il était couvert de sang. Non loin du lit, un autre homme était assis ou plutôt affaissé sur une chaise. Il portait une horrible blessure à la figure. »
On a contacté l’hôpital Notre-Dame pour que le cadavre et le blessé soient pris en charge tandis que les policiers interrogeaient les autres pensionnaires. C’est alors qu’on a appris que les quatre hommes avaient volé une somme de 1 000$ au pensionnaire Maxime Degalo et une montre en or appartenant à Martini Maillo. Puisque Degalo cachait son argent dans une ceinture, les enquêteurs en ont déduit que les criminels devaient avoir obtenus un minimum d’informations sur leurs victimes.
L’enquête a permis d’identifier deux hommes répondant aux noms de Boycau[1] et Balan. Comme on s’en doute, leurs noms ont été orthographiés de diverses façons.[2] Leur procès conjoint s’est tenu le 26 mars 1920 au palais de justice de Montréal devant le juge J. Alfred Désy. Leur défense était assurée par Me Jos Cohen tandis que la Couronne était représentée par Me J. C. Walsh. Le Dr Wilfrid Derome, qui avait réalisé l’autopsie, a témoigné à l’effet que la mort avait été causée par un projectile qui a traversé le poumon droit. Selon les autres témoins, il est apparu que Boycau était le leader du groupe. Certains l’avaient même reconnu sur les lieux du crime. John Deck est venu raconter comment il avait accompagné Boycau au soir du 28 octobre, mais les journaux ne précisent pas s’il faisait lui aussi partie du quatuor meurtrier.
Après les plaidoiries, le juge Désy a livré son adresse aux jurés. Ensuite, ceux-ci ont délibéré durant une heure avant de déclarer les accusés coupables. Le juge a donc fixé la date de leur double pendaison au 18 juin 1920. Lorsque la sentence leur a été traduite par l’interprète, les deux condamnés se sont contentés de sourire.
En mars 1921, Boycau et Belan ont eu droit à un nouveau procès, cette fois devant le juge Weir. Ils ont été acquittés. Après le verdict, le juge a commenté : « C’est affreux de penser que ce crime horrible devra demeurer impuni, par suite de l’inhabilité de la police de Montréal. C’est scandale criant et une disgrâce pour l’humanité. » Par ailleurs, les deux autres voleurs n’ont jamais été identifiés
[1] Selon Gadoury et Lechasseur il était âgé de 30 ans.
[2] C’était une habitude courante concernant les noms propres d’origines étrangères.
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