Parenticide /parricide ou matricide? – empoisonnement (strychnine)
La Tuque, Mauricie - ? SC
Non élucidé. Gonzague Gilbert, leur fils de 21 ans, condamné à mort, puis acquitté en Cour d’Appel.
En octobre 1927, Anna Harvey, épouse d’Honoré Gilbert[1], a été retrouvée morte dans sa maison de La Tuque, en Haute Mauricie. Elle serait subitement tombée malade après avoir bu une gorgée de porter dans la bouteille que son mari avait laissée sur la table. Elle est décédée quelques minutes plus tard. Son mari a également bu dans la même bouteille, au point où il est tombé malade lui aussi. L’autopsie a permis de retrouver de la strychnine dans le corps d’Anna mais aussi dans la bouteille de porter (type d’alcool). Le fils de la victime, Gonzague Gilbert, 21 ans, a été accusé d’avoir empoisonné sa mère alors que son père se trouvait toujours dans un état critique à l’hôpital.
Le procès du jeune homme s’est ouvert à Québec le 5 novembre 1928. Entre temps, son père avait succombé au poison, de sorte qu’on pourrait aujourd’hui se demander si la mère était la personne visée. On a appris que lorsque le policier Lapointe avait demandé à l’accusé si c’était lui qui avait mis le poison dans le porter, ce dernier avait répondu : « si c’était moi je ne vous le dirais pas. » À Ernest Desbiens, ancien membre du conseil municipal de La Tuque, Me Taschereau a tenté de lui faire admettre qu’il s’était rendu au bureau du procureur général et premier ministre Louis-Alexandre Taschereau afin de révéler qu’Honoré Gilbert s’était engagé à se déclarer coupable de l’empoisonnement de sa femme. Le père, se sachant mourant, souhaitait-il prendre tout le blâme pour protéger son fils?
Or, le procès a mis en lumière qu’Honoré Gilbert se serait levé plusieurs fois au cours de la nuit pour descendre au rez-de-chaussée boire du porter. Marie-Jeanne Gilbert, la jeune sœur de 17 ans de l’accusé, a dit sous serment que son père avait demandé à Gonzague de lui apporter une bouteille de porter, ce qu’il avait fait vers 22h00. Dans la nuit, Marie-Jeanne avait été réveillée par sa mère, qui lui a appris que son père était malade. Ses frères s’étaient alors précipités hors de la maison pour aller chercher le prêtre et le médecin. Devant sa fille, Honoré Gilbert aurait avoué s’être empoisonné (par mégarde?). Sur la table de chevet, elle avait vu deux bouteilles de porter. Par ailleurs, Henri Gilbert a avoué que son père avait de la strychnine à la maison.
Cette cause a ceci de particulier qu’au matin du 7 novembre la défense a appelé le premier ministre Louis-Alexandre Taschereau comme témoin. Mais lorsque la Cour a jugé illégales les questions de la défense, l’avocat de l’accusé a déclaré qu’il n’avait aucune défense à présenter. Il a carrément boycotté le procès, au point de ne présenter aucune plaidoirie afin de montrer sa protestation. Son client a été reconnu coupable et condamné à être pendu le 11 janvier 1929. Qu’à cela ne tienne! Me Alleyn Taschereau a porté la cause de son jeune client en appel. En fait, il a tellement eu de succès que la Cour d’Appel a fini par prononcer l’acquittement de Gonzague Gilbert.[2]
Gonzague Gilbert est retourné vivre en Mauricie. C’est là, plus précisément à Grandes Piles, qu’il s’est éteint le 12 novembre 1976.
[1] Elle serait née en 1879, ce qui lui donnait environ 48 ans au moment de sa mort.
[2] Gonzague Gilbert s’est éteint à Grandes Piles le 12 novembre 1976.
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