1935, 16-18 septembre – Arthur Boulanger, 51 ans[1]
- 26 déc. 2024
- 4 min de lecture
Homicide commis lors d’un vol – Objet contondant
Yamachiche, rue Saint-Pierre – 1 SC
Non élucidé. Fred "Freddy" Pellerin, acquitté.
Arthur Boulanger, 51 ans, habitait au-dessus de son restaurant qu’il tenait en face de la gare de Yamachiche, rue Saint-Pierre. Il était marié mais depuis des années sa femme vivait séparément à Montréal. Au cours de l’après-midi du 16 septembre 1935, il s’est rendu à Trois-Rivières avec un ami pour assister à une convention du parti Libéral. Selon certains témoins, il avait 300$ dans ses poches et d’après les médias, on l’aurait vu ce soir-là revenir chez lui en compagnie de deux hommes. Ceux-ci auraient pris quelques verres en sa compagnie avant de quitter. Toutefois, cette hypothèse ne trouve aucun appui dans ce qui reste aujourd’hui du dossier.[2]
Le 18 septembre 1935, le neveu de Boulanger a tenté de lui rendre visite mais toutes les portes de son logement étaient verrouillées et les toiles aux fenêtres baissées. En insistant, on a fini par entrer et découvrir son corps étendu sur le plancher. Selon toute vraisemblance il avait été sauvagement battu à la tête par un objet contondant. Aucune trace de lutte n’était apparente, tandis que l’arme du crime n’a jamais été retrouvée.
Le Dr Langis, premier témoin entendu lors de l’enquête du coroner conduite par le Dr Adélard Tétreault de Trois-Rivières, a été demandé sur les lieux par Joseph Gendron à 12h30. Celui-ci tenait à ce qu’il l’accompagne chez Arthur Boulanger, son beau-frère, « parce qu’il était inquiet ». Ainsi, les deux hommes se sont rendus à la demeure de Boulanger, sur la rue Saint-Pierre à Yamachiche. Tout était « fermé excepté une porte en arrière de la maison. En pénétrant dans la maison, nous avons trouvé M. Boulanger couché face contre terre baignant dans une mare de sang. Il était mort déjà depuis plusieurs heures. Il portait à la tête plusieurs plaies contuses. J’ai immédiatement communiqué le cas au coroner ».
Selon Joseph Gendron, 52 ans, le beau-frère de la victime, Boulanger habitait seul à Yamachiche depuis un an et demi. Il visitait son beau-frère à tous les 8 ou 15 jours. La dernière fois remontait à la semaine précédant le crime. Gendron a ajouté que « ce matin vers midi le 18 septembre Robert Lacerte est venu à la maison me dire que mon beau-frère était couché sur le plancher de la cuisine. Il avait été envoyé par un monsieur Millette ».
À partir du moment où il est allé chercher le Dr Langis, le récit de Gendron corrobore celui du jeune docteur, non sans préciser que la porte arrière était fermée mais non verrouillée. « Les rideaux étaient baissés de partout. […] Nous ne lui avons pas touché ». Une fois le coroner Tétreault contacté, les deux hommes étaient revenus pour verrouiller la porte et ainsi protéger les lieux, comme Tétreault leur avait demandé.
Le Dr Rosario Fontaine, qui s’est chargé de pratiquer l’autopsie, a expliqué les détails suivants : « À mon arrivée sur les lieux, dans la fin de l’après-midi du 18 septembre, le cadavre était étendu face contre terre, la tête dans une mare de sang, dans une pièce de sa maison, je pense qui tenait lieu à la fois de cuisine et de salle à dîner, et de lieu de réunion. […] D’abord, je vous ai dit que le cadavre avait la tête dans une mare de sang, face contre terre, et autour de cette mare de sang, j’ai constaté des petites giclures qui allaient jusqu’à la fournaise. La présence de ces giclures ne pouvait s’expliquer que par le fait que la tête de la victime avait frappé contre terre sous les coups de l’assassin. Elles ne pouvaient pas être dues aux hémorragies parce que dans les hémorragies, les artères qui saignent donnent de grosses gouttes de sang. Il s’agissait là de petites gouttelettes très fines. […] »
La victime avait été frappé en plein visage et dans le front. Le Dr Fontaine a compté six blessures. Il attribuait ces plaies au revers d’une hache ou à un quartier de bois, comme on en retrouvait dans le logement, près du corps.
L’enquête a fini par cibler Freddy Pellerin, dont le procès s’est ouvert le 29 octobre 1935 au palais de justice de Trois-Rivières. On avait saisi chez le suspect des vêtements tachés de sang. Il aurait été vu en compagnie de la victime, entre autres pour lui demander d’acheter de l’alcool de contrebande, un marché auquel Boulanger s’adonnait, sin on en croit certains. Pellerin aurait aussi demandé qu’on lui prête de l’argent peu de temps avant le crime. Peu après la mort de Boulanger, il avait dépensé pour du whiskey alors que la veille il était sans le sou.
Freddy Pellerin, dont les parents avaient été les voisins d’Alexandre Lavallée à Saint=-Étienne-des-Grès au moment où ce dernier avait assassiné sa fille en 1926, a été acquitté. Il serait décédé à Sainte-Foy en 1989.[3]
[1] En 2018, l’auteur du DHQ a retrouvé dans les archives de BAnQ-TR, grâce à son projet d’indexation des dossiers judiciaires appelé J-DEX, un dossier concernant cette affaire et qui contenait, entre autres, les transcriptions sténographiques de l’enquête du coroner et quelques photos de la scène de crime. Le résumé présenté ici se base directement sur ces documents.
[2] Soulignons par ailleurs que les transcriptions du procès intenté à Freddy Pellerin pour meurtre n’ont toujours pas été retrouvées, ou alors elles n’ont pas été conservées.
[3] Pour plus d’informations, voie cette série de trois articles sur l’affaire Boulanger : https://historiquementlogique.com/2018/03/14/freddy-pellerin-non-coupable-1-3/
Comments