1936, 3 novembre – Élaine Saint-Pierre, 22 ans
- 26 déc. 2024
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Homicide domestique par un conjoint suicidaire – arme à feu (calibre .22)
Montréal - ? SC
Non élucidé.
Le 3 novembre 1936, Élaine Saint-Pierre, une jolie jeune femme de 22 ans qui travaillait dans une pharmacie de Montréal, a terminé son quart de travail à 18h30. En fait, elle était préposée au comptoir des films photographiques. On ne l’a plus jamais revu par la suite. Élaine était la nièce du chef de police de Montréal, Armand Brodeur. Blonde très élancée, on la disait affable et distinguée.
Quelques jours après la disparition, un scaphandrier de la police a fouillé le fond de la rivière Jésus près de Saint-Eustache, dans l’espoir de retrouver le corps d’Élaine. À la fin de novembre, la police offrait une récompense à toute personne susceptible d’apporter des informations crédibles.
L’enquête de victimologie a permis de comprendre qu’elle devait bientôt épouser Lucien Poissant, qui était déjà installé à Chicago. Toutefois, en septembre, Élaine avait fait la rencontre de Henri-Émile Fissiault, 29 ans. Selon une amie de la disparue, c’est à bord d’un train qui revenait de Chicago qu’Élaine avait fait la rencontre de Fissiault. Ce dernier a d’ailleurs rapidement été arrêté par les policiers, mais il s’est retranché derrière un mutisme complet. C’est pourtant lui qui a été vu le dernier en compagnie d’Élaine, au cours de la soirée du 3 novembre. De plus, la voiture de Fissiault a été abandonnée sur le boulevard Décarie et sa chemise était tachée de sang. Sur le siège arrière de l’auto, les policiers ont retrouvé d’autres traces de sang, des cartouches de calibre .22 mais aucun revolver.
Fissiault s’est contenté de dire qu’il ne se souvient de rien, qu’il avait trop bu. Lorsqu’Élaine avait terminé son quart de travail à 18h30, Fissiault serait venu la voir pour lui proposer d’aller au cinéma. Selon une autre témoin, Fissiault aurait même proposé le mariage à Élaine, mais celle-ci avait décliné l’offre. L’employeur du suspect a découvert trois lettres écrites de la main de Fissiault, la première adressée à sa fiancée (qui n’a pas été identifiée).
La piste la plus sérieuse pointait vers celle d’un meurtre suivi d’un suicide. Mais au moment de se faire sauter la cervelle, Fissiault aurait manqué de « courage ». Puisqu’elle manquait de preuve pour l’inculper, la police a dû le laisser aller.
Le 16 juillet 1937, Fissiault a été retrouvé pendu dans la cave de la résidence de son patron, au 156 rue Bloomfield, à Outremont. « Il était apparemment mort de strangulation, une corde attachée à un tuyau en fer le retenant par le cou. Dans sa bouche l’on a trouvé une immense tresse de cheveux de femme, de couleur châtain, ressemblant quelque peu aux cheveux trouvés dans son automobile au cours des perquisitions faites par la sûreté municipale en collaboration avec des agents de la Sûreté provinciale. »[1] En fait, il a été retrouvé étendu sur le dos, une corde à linge autour du cou et un escabeau près de lui. Dans son appartement, on a retrouvé plusieurs mèches de cheveux de femme, ce qui a laissé croire que le suicidé s’adonnait à une certaine forme de fétichisme.
Le 10 novembre 2022, j’ai obtenu copie de l’enquête du coroner sur le suicide de Fissiault. Selon les résultats de l’autopsie, on note que Fissiault était ivre au moment de son suicide. Paul Lapointe, qui accompagnait le frère de Fissiault au moment de la découverte, a effectivement corroboré la présence d’une « tresse » de cheveux dans la bouche du pendu, mais il a aussi ajouté que « sur la table de la cuisine, il y avait un gros parquet [paquet] contenant des cheveux de différentes couleurs. » Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier?
Quant à Yves André Fissiault, le frère, il a déclaré au coroner : « Mon frère était célibataire. Jamais il n’a parlé de s’enlever la vie. Récemment, il avait eu une période de découragement. La dernière fois que j’ai vu mon frère en vie, c’est le 15, entre 2 et quatre heures. Il était fatigué, il revenait de New York. »
Le document ne fait aucune mention de l’affaire concernant le meurtre d’Élaine Saint-Pierre.
[1] L’Illustration nouvelle, 17 juillet 1947.
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