Homicide situationnel commis envers une personne âgée – Objet contondant
Bois d’Autray, près de Berthier – 1 SC
Non élucidé. Olivier Tarte, son neveu, et Guy Lavoie, acquittés.
Vers 7h50 au matin du 2 novembre 1952, Hector Blais, un homme de 38 ans et père de cinq enfants, s’est rendu chez les Tarte, où Philomène Chapdelaine (Mme Henri Tarte), 95 ans, vivait avec son fils aîné Étienne, 50 ans. Leur maison se situait à Bois d’Autray, près de Berthier. Chaque dimanche, Blais avait pour habitude de les conduire à l’église pour la messe. N’obtenant aucune réponse en frappant à la porte principale, il a donc choisi de passer à la porte de la cuisine. Puisque celle-ci n’était pas verrouillée, il est entré. C’est là qu’il a fait une terrible découverte. La vieille femme avait été assommée à mort et Étienne Tarte était grièvement blessé. Suite à l’arrivée du premier policier sur les lieux, le détective Edgar Desjardins de la Sûreté provinciale, celui-ci a été transporté d’urgence à l’hôpital Saint-Eusèbe de Joliette, où on craignait pour sa vie. Déjà, on supposait que le vol puisse expliquer le drame puisqu’on a retrouvé un désordre incroyable à l’intérieur de la maison.[1]
Le lieutenant-détective Roger Gauthier, de Montréal, a affecté les détectives Merrill Lawton et Roger Paiement à cette enquête. Ceux-ci ont rapidement déduit que le vol aurait été le mobile et que les bandits étaient peut-être à la recherche d’un quelconque magot. L’autopsie a été réalisée à Berthier par le Dr Rosario Fontaine tandis qu’Hector Blais confiait au journaliste de La Patrie que le vendredi 31 octobre Étienne Tarte lui avait demandé de venir les chercher pour les conduire à la messe de 8h30 à Berthier pour la Toussaint. Le reporter s’est senti obligé de décrire la maison des victimes comme une construction de deux étages, recouverte de briques rouge et munie d’une cuisine d’été. Ovila Tarte, qui habitait au Massachusetts, a été prévenu du drame par les autorités.[2]
Au matin du 3 novembre, c’est le sergent-détective Ubald Legault qui se chargeait de conduire les recherches dans le but de retrouver le ou les suspects. Son enquête a aussi permis de découvrir que le ou les hommes recherchés avaient soulevé une trappe dans la cuisine d’été, là où Mme Philomène avait autrefois dissimulé de l’argent. L’enquête policière a fini par s’orienter sur Olivier Tarte, le neveu de la victime et le cousin d’Étienne, qui a été arrêté une vingtaine de jours après le meurtre. Son procès s’est déroulé du 29 septembre au 5 octobre 1954 à Joliette devant le juge Édouard Tellier. Dès l’ouverture des audiences, le Dr Fontaine a expliqué que Philomène Chapdelaine avait succombé à une hémorragie cérébrale dû à une fracture de la mâchoire. Selon lui, elle avait été frappée à plusieurs reprises à la tête avec un instrument contondant qui n’a apparemment jamais été retrouvé.
Étienne Tarte, qui avait finalement survécu à ses blessures et qui était devenu le témoin le plus attendu, a déclaré que sa mère était seule dans la maison alors que lui travaillait à la grange. À son retour à la maison, « il trouva sa mère gisant sur le plancher. Il a pu apercevoir son assaillant, qui l’a identifié comme étant Olivier Tarte avant d’être lui-même assommé et de perdre connaissance. »[3]
Pour tenter de construire un alibi qui plaçait l’accusé loin des lieux du crime, la défense a présenté 15 témoins qui n’ont cependant pas su convaincre les jurés. L’admissibilité en preuve des aveux de Tarte représentait un autre point tournant des procédures judiciaires. Le 5 octobre, après des délibérations d’une trentaine de minutes, il était reconnu coupable et condamné à être pendu le 17 décembre. Le condamné n’a manifesté aucune émotion lors de la tombée du verdict.
Guy Lavoie, le présumé complice de Tarte, devait subir son procès le 13 octobre 1954. Il sera acquitté. L’avocat d’Olivier Tarte, Me Alexandre Chevalier, a porté la cause en appel en soutenant que les aveux de son client étaient faux puisqu’ils avaient été obtenus sous l’effet de la peur. Il a aussi démontré que le témoignage d’Étienne Tarte comportait des lacunes et que le verdict reposait uniquement sur la déclaration de l’accusé. À son tour, Olivier Tarte a été acquitté, laissant ainsi le meurtre de la vieille femme à jamais non élucidé.
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