1953, 28-29 mars - Charles "The Kid" Wagoner, alias Wagner, 26 ans
29 oct. 2024
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Meurtre par contrat – Arme à feu – Mise en scène
Saint-Mathieu-de-Laprairie - ? SC
Non élucidé. Jim Rogers et Frank Battaglia, acquittés.
Charles Wagoner a été trouvé sans vie le dimanche 29 mars 1953. Son corps était maintenu au fond d’un ruisseau par une pierre de 250 livres, à Saint-Mathieu de Laprairie. Il avait reçu une balle en pleine tête. « Selon la police, il se peut que Wagoner, garçon de table dans un débit clandestin de Montréal jusqu’à il y a un mois, ait été victime des amis d’Aaron Marks, poignardé à mort il y a environ trois ans, au cours d’une querelle dans un débit clandestin [Voir 1950, 14 juin – Aaron Marks. »[1] Au moment de sa mort, Wagner habitait au 3072 rue Van Horne, à Montréal. Il était suspecté d’avoir participé à un vol de lingots à Toronto dont le magot était évalué à 200 000$.
Selon O’Connor, Wagoner aurait disparu en revenant d’une messe matinale à l’église de Saint-Gabriel de la Pointe. Frank Pretula aurait même été soupçonné d’avoir été le commanditaire de ce meurtre par contrat. Mais d’après les informations recueillies dans les journaux d’époque, le scénario a été différent. Par ailleurs, selon le Montréal-Matin du 23 avril 1953, l’arme du crime aurait été jetée dans les eaux, sous le pont Mercier. Malgré les efforts des plongeurs de la police, cette arme n’a jamais été retrouvée. Ce qui est sûr, c’est que la mort de Wagner a fait la manchette de tous les journaux de l’époque.
En raison de la présence du bloc de 353 livres[2], la police pensait que Wagoner avait été tué par plus d’une personne. On excluait aussi le vol puisqu’on a retrouvé dans ses poches 60$ et ses papiers d’identité. « L’affaire Waggoner met à jour l’activité de la pègre à Montréal. Waggoner, selon certains rapports, aurait vécu de contrebande. Ses services auraient été surtout appréciés comme désorganisateur de groupes adverses dans le monde de la pègre. C’est ainsi qu’il se serait livré aux vols de camions de la contrebande. Waggoner a déjà été arrêté à Toronto pour trafic de narcotiques. Sa mort serait l’œuvre de gens de la pègre. »[3]
Jim Rogers et Frank Battaglia ont été arrêtés et accusé du meurtre de Wagoner. Battaglia aurait même fait des aveux dans lesquelles il affirmait avoir tiré sur Wagner. Il aurait dit l’avoir tué parce que Wagner l’avait dupé. Malgré cette balle dans la tête, le Dr Rosario Fontaine a expliqué que la victime était morte d’asphyxie par submersion. Quant à Rogers, il aurait seulement aidé Battaglia à disposer du cadavre.
Au cours de leur procès, en avril 1954, la jeune épouse de 26 ans de Charles Wagoner, Lucille, alors sous protection policière, a expliqué que le 28 mars Battaglia avait téléphoné à son mari une première fois en matinée et une seconde fois vers 20h00. Puisqu’elle avait entendu la conversation, elle a raconté que Battaglia se disait en possession de 30 000$ de bijoux volés à Philadelphie mais il ne connaissait personne à Montréal pour les écouler. Charles lui avait alors dit qu’il connaissait quelqu’un. Au moment de sortir de la maison, Charles a dit à sa femme qu’il reviendrait avant minuit, mais on sait qu’il n’est jamais revenu. Malgré la preuve accumulée par la Couronne, les deux accusés ont été acquittés le 14 avril 1954. En fait, leurs aveux ont été rejetés pour une question d’illégalité. Le lendemain de son acquittement, Battaglia a été assassiné, lui aussi dans des circonstances mystérieuses [1954, 14-15 avril]. Selon Allô Police, la pègre voulait aussi la peau de Jim Rogers, ce qui explique pourquoi la justice l’a placé sous protection dans un lieu secret et pour une période indéterminée. On n’a plus jamais entendu parler de lui. On avait également placé Lucille Wagner sous protection, du moins pour la période du procès.
Selon les recherches du DHQ, il s’agirait du plus ancien homicide impliquant le fait que le ou les tueurs disposent du corps en le jetant dans un cours d’eau avec un poids, afin qu’on ne le découvre pas. Quelques mois plus tard, on a retrouvé le corps d’une femme dans des conditions similaires [1953, ?-5 octobre].[4]
[4] Cette technique a-t-elle pu être utilisée auparavant mais sans qu’on la découvre? Par exemple, on n’a jamais retrouvé les corps des frères Balazzo, qui auraient tous deux été assassinés le 6 décembre 1950. Et peut-être que cette technique a été utilisée dans d’autres meurtres commis par le Gang de l’Ouest et que le DHQ n’a pas encore découvert.
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