1964, 19-20 avril – frère Oscar Lalonde, 34 ans
- 14 nov. 2024
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Homicide cautionné par un groupe/par excitation? – Objet contondant (masse de maçon) – Mise en scène
Matane, collège de Matane – 1 SC
Non élucidé. Claude Poisson, 20 ans, Paul Lanthier et Gilles Amyot, acquittés.
Après avoir étudié à Rome et à Paris, le frère Oscar Lalonde est revenu au Collège de Matane en 1962, où il est devenu professeur de philosophie et directeur des étudiants. Ses collègues le trouvaient distant et prétentieux. En 1964, Claude Poisson s’est retrouvé parmi les pensionnaires du collège et il a commencé à faire les quatre cents coups avec deux autres copains, Paul Lanthier et Gilles Amyot. Les trois adolescents sont allés jusqu’à commettre de petits vols en plus de profaner une tombe dans un cimetière. Puis, un soir, Poisson aurait proposé à ses deux comparses de réaliser un coup encore plus gros.
Au matin du 19 avril 1964, le père supérieur s’est absenté du Collège et c’est le frère Lalonde qui s’est retrouvé en charge. Au matin du 20 avril, on a commencé à se questionne en constatant que la porte du frère Lalonde était fermée. Au bout d’une heure, le frère Michaud a décidé de l’ouvrir. C’est là qu’il a découvert le frère Lalonde. « Le frère Lalonde est couché à plat ventre dans son lit, un oreiller sur la tête. Il y a du sang un peu partout dans sa chambre, sur les murs et dans sa salle de bain. Près du lit, il y a une mare de sang. »[1]
Rapidement, les enquêteurs de la Sûreté provinciale ont débarqué sur les lieux pour débuter leur enquête. Questionné, le frère Michaud a dit : « c’est moi qui aurais pu faire ça, étant somnambule. » Par ailleurs, les policiers ont découvert de l’argent sur le bureau de la victime, ce qui leur a fait dire que le vol n’était certainement pas le mobile du crime. Ensuite, ils ont aussi trouvé que la porte de la chambre s’ouvrait aisément avec une carte en plastique. Bref, n’importe qui aurait pu y entrer. De plus, l’inspecteur au dossier, de retour à son bureau, s’est rendu compte qu’il n’avait pas recueilli les pantalons de la victime, ce qui pourrait être utile pour les analyses. Il est donc retourné au collège pour découvrir que les vêtements de Lalonde avaient déjà été incinérés.
Pendant ce temps, le frère Lelièvre faisait sa propre enquête au sein du collège. Ainsi, on a ensuite procédé aux arrestations de Poisson, Lanthier et Amyot. Le mobile du crime, aussi étrange et rare qu’il puisse paraître, serait à l’effet que les trois jeunes accusés voulaient réaliser le crime parfait. Toutefois, le procès a mis en lumière que Poisson avait eu des débats philosophiques avec le frère Lalonde.
En juin 1965, Claude Poisson a été acquitté. Pierre Lanthier, lui aussi accusé du même meurtre, a été libéré sous caution à la suite de l’acquittement de Poisson.
Selon Clément Fortin, qui a consacré un livre en 2005 à l’étude de ce procès, on a finalement diagnostiqué à Poisson la maladie de Hodgkin. En 1967, il a commis un hold-up dans une banque de Toronto mais il s’est laissé cueillir par les policiers sans faire d’histoire. Par la suite, il est devenu traducteur pour un fabricant de voitures. Mais la maladie l’a rattrapé et l’a forcé à quitter son emploi. Il en est finalement décédé l’année de ses 55 ans. Quant à lui, le frère Michaud a été reconnu coupable d’attentat à la pudeur en 1973.
[1] Me Clément Fortin, On s’amuse à mort, Septentrion, 2005.
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