1969, 30 juin – Evelyne LeBouthillier, 59 ans
- 29 nov. 2024
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 mai
Profit personnel/Homicide sans discernement commis lors d’un vol – Strangulation
Percé, Gaspésie, Motel Les Trois Soeurs
Non élucidé. Jacques Mesrine et Jeanne Schneider, acquittés.
Jacque Mesrine, un petit truand français, et sa compagne Jeanne « Janou » Schneider, travaillaient comme domestiques pour le millionnaire Deslauriers. Le 9 juin 1969, rien ne va plus entre eux, et Deslauriers décide de les congédier. Mais Mesrine entreprend de se venger. Le 19 juin, avec la complicité d’un certain Michel Dupont, le couple kidnappe le millionnaire et l’amène dans un appartement de Montréal. Comme des amateurs, ils le laissent seul durant un moment et malgré le fait qu’il soit handicapé, Deslauriers réussi à s’échapper par ses propres moyens.
Devant ce constat d’échec, le trio s’enfuit vers la Gaspésie et ils atterrissent à la cabine no. 4 du motel Les Trois Sœurs, à Percé. La propriétaire des lieux est Evelyne Lebouthillier, une célibataire de 59 ans. Elle est accueillante, gentille et surtout petite. Elle serait tombée sous le charme français de Mesrine. Elle faisait tellement confiance au couple qu’elle les a invités dans son salon au soir du 23 juin.
Peu après, Jeanne Schneider a confié son chat à Mme Lebouthillier en lui disant qu’ils allaient revenir, puisqu’ils avaient l’intention de visiter Gaspé. En fait, le trio est retourné vers Montréal en train. Ils ont débarqué à la gare centrale le 26 juin. Dupont est rentré chez lui, sous les conseils de Mesrine. Pendant ce temps, le couple français a repris le train jusqu’à Windsor, en Ontario, où ils ont loué une Ford Galaxy, avec laquelle ils sont revenus à Montréal au matin du 28 juin. En apprenant que Dupont les avait trahi, Mesrine et Schneider ont repris leur cavale vers Gaspé, mais cette fois en voiture.
Le 29 juin, Mesrine revenait au motel Les Trois Sœurs et a demandé à voir Evelyne. Mais celle-ci était absente. C’est sa nièce Irène, 16 ans, qui lui a répondu. Mesrine a donc remonté dans sa voiture de location en disant qu’il reviendrait un peu plus tard. Vers minuit, sa voiture était de retour devant le motel.
Le lendemain matin, vers 9h30, c’est sa nièce Irène qui a trouvé Evelyne, étendue sur le plancher. Elle avait été étranglée et sa chambre fouillée. Vraisemblablement, on lui avait volé de l’argent et des bijoux. La police arrivera à prouver qu’à 4h00 du matin, Mesrine et Schneider se sont arrêtés à Carleton, dans le seul restaurant ouvert 24 heures sur 24 dans pratiquement toute la Gaspésie. Ce dernier a d’ailleurs poursuivi sa cavale à travers le Nouveau-Brunswick. La police suivait ses déplacements en raison de la carte de crédit Shell qu’il utilisait pour faire le plein de la voiture. Le couple sera finalement arrêté aux États-Unis et rapatrié au Québec. Dans leurs bagages, on a retrouvé des bijoux appartenant à la victime.
Jacques Mesrine et Jeanne Schneider ont subi leur procès en janvier 1971 au palais de justice de Montmagny. Leur défense était assurée par Me Raymond Daoust. Contre toute attente, le couple français a été acquitté, en partie grâce aux « talents » de Me Daoust, qui s’en prenait parfois aux témoins de manière particulière. Dans son livre publié en 2012, Me Clément Fortin a qualifié ce verdict de fraude judiciaire. Entre autres choses, il reprochait à Me Daoust de s’être montré harcelant et vexatoire à l’endroit de certains témoins, ce qui avait pour but de les déstabiliser devant le jury. Il a aussi laissé sous-entendre qu’une jeune femme qui est venu dire, pour le compte de la défense, que les bijoux appartenaient au couple Mesrine-Schneider, était en fait un faux témoin.
Malgré son acquittement, Mesrine est retourné au pénitencier Saint-Vincent-de-Paul afin de purger sa peine dans l’affaire Deslauriers. C’est là qu’il fera la rencontre du braqueur québécois Jean-Paul Mercier, avec lequel il s’évadera au cours de l’été 1972. Peu après, les deux évadés ont tué deux gardes-chasse à Saint-Louis-de-Blandford [1972, 9 septembre] avant de faire quelques braquages et de prendre la fuite jusqu’au Venezuela. Mesrine finira par rentré en France, où il commettra plusieurs autres crimes, avant d’être abattu par la police parisienne en novembre 1979.
Comments