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1970, 30 novembre – Denise Vouligny, 22 ans



Profit commercial – Arme à feu – Mise en scène

Longueuil, Chemin-du-Lac – 2 SC

Non élucidé. Claude Duhamel et Jean-Louis Morin, acquittés.

Le 30 novembre 1970, Denise Vouligny, une serveuse et danseuse à gogo de 22 ans, a été retrouvée morte en bordure du Chemin-du-Lac, à Longueuil. En fait, elle travaillait comme barmaid au Club Adam & Ève de Longueuil, à l’angle de la rue Saint-Georges et du boulevard Curé-Poisson. On l’avait abattue de plusieurs tirs de revolver. Des policiers en patrouille ont surpris deux individus qui s’apprêtaient à enterrer le corps de la jeune femme. Les deux suspects ont cependant réussi à prendre la fuite à bord d’un véhicule. La chasse à l’homme qui a suivie a été ponctuée d’échanges de coups de feu. Selon La Presse, Denise aurait été assassinée de quatre projectiles à la tête, alors que d’autres sources parlent de 6 balles.

Montréal-Matin a parlé d’un autre véhicule retrouvé sur les lieux et qui avait été rapporté volé sur la rue Lagauchetière. « Les policiers qui font enquête dans cette affaire croient pouvoir relier celle-ci au meurtre de Harbour, dans une salle de billard rue St-Denis, la semaine dernière. On recherche toujours les deux suspects qui se sont enfuis à travers les bois après avoir déchargé leurs armes en direction des limiers. »[1]

Il s’est écoulé plus d’un an avant que l’affaire réapparaisse dans les journaux. Normand Lupien, l’un des deux policiers qui avaient surpris deux mystérieux personnages qui s’apprêtaient à enterrer le corps de Denise a finalement cru reconnaître l’un d’eux comme étant Claude Duhamel, un homme de 28 ans de Saint-Mathieu. On l’avait retracé seulement en décembre 1971, à New York. En juin 1972, Duhamel a affirmé qu’il n’était pas coupable mais que son frère Serge, qui lui ressemblait beaucoup, et un autre individu ont été surpris en train d’enterrer le corps de Denise. Ce serait l’autre homme et non son frère qui aurait tiré sur la jeune femme.[2]

En juin 1972, durant les audiences du procès de Claude Duhamel, un chômeur de 30 ans sans domicile fixe depuis deux mois, a soudainement avoué avoir commis le meurtre. Il s’agissait cependant d’un témoin de la défense qui avait demandé la protection de la Cour. « Le jeune chômeur a raconté au tribunal dans quelles circonstances il avait tué son ancienne amie. » Il a affirmé l’avoir rencontré au bar Adam & Ève. Le témoin, qui n’a pas été identifié par les journaux de l’époque (il s’agissait de Jean-Louis Morin) a affirmé que Denise lui avait volé 600$ en plus de l’humilier.

Au cours du contre-interrogatoire conduit par la Couronne, la crédibilité de Morin a été ébranlée. Non seulement Morin était un « spécialiste » des hold-up, mais le procureur de la Couronne trouvait étrange qu’il se soit adressé à l’avocat de la défense (Me Claude F. Archambeault) plutôt qu’aux autorités. Depuis 1963, Morin avait accumulé 60 000$ dans ses braquages. Mais en 1965, il s’était mérité une sentence au pénitencier St-Vincent-de-Paul. Il avait été libéré en décembre 1969. Il a ensuite vécu des économies de ses hold-up, qu’il disait avoir caché dans une forêt de Bécancour. Évidemment, la Couronne trouvait étrange qu’il éprouve soudainement des remords et qu’il se rendre dans le cabinet de Me Archambeault plutôt que d’aller voir les policiers. Dès la fin de son témoignage, le juge a ordonné l’arrestation et l’incarcération de Morin. Devant les questions de Me Fernand Côté de la Couronne, Jean-Louis Morin a admis qu’il connaissait Paulette Gingras, qui avait été le témoin-vedette lors du procès de Jos Di Maulo, Jos Tozzi et Julio Ciamarro dans l’affaire du triple meurtre du Casa Loma [1971, 12 mars]. Elle avait aussi témoigné dans le procès de Jean-Marc Morin, le frère de Jean-Louis, pour le meurtre d’André Vaillancourt, survenu au Casa Loma. Me Côté lui a demandé s’il avait offert à Paulette une grosse somme d’argent pour qu’elle change la version de son témoignage. Évidemment, Morin a nié.

On ignore jusqu’à quel point cette stratégie a joué un rôle dans la prise de décision du jury, mais Duhamel a été acquitté deux jours plus tard, tandis que Morin était accusé du meurtre de Denise.

En octobre 1972, Jean-Louis Morin a subi son procès pour meurtre. Parce qu’il avait témoigné sous la protection de la Cour, la Couronne n’a pu utiliser son témoignage pour l’incriminer. À son tour, il a été acquitté. Le reste de la preuve reposait sur les épaules d’un détenu qui avait entendu la confession de Morin.

Le 1er mars 1973, Morin était tué d’une balle en pleine tête alors qu’il participait à un vol à main armée à Bedford, dans les Cantons de l’Est. Il est décédé quelques heures plus tard à l’Hôtel-Dieu de Montréal. Son complice, Marcel Lawrence, a aussi été grièvement blessé de quatre projectiles.

En avril 1977, le nom de Denise Vouligny a refait surface une toute dernière fois dans les médias écrits. Montréal-Matin soulignait alors que le 2 avril 1977 on avait retrouvé le corps d’une jeune femme de 20 ans, qui n’avait pas encore été identifiée, au même endroit où le corps de Denise avait été découvert en 1970, c’est-à-dire dans un boisé du Chemin du Lac, à Longueuil. La victime « avait été enveloppé dans un drap à motif blanc et vert et les extrémités de ce drap avaient été nouées. La victime aurait été tuée vraisemblablement dans une habitation quelconque de la région et son corps ensuite placé dans ces boisés afin que la découverte soit retardée le plus possible. »[3]

Sous le drap, la jeune victime était complètement nue. Le lendemain, on ne l’avait toujours pas identifié. On croyait qu’elle avait été étranglée, alors que Denise avait été criblée de balles. Les deux affaires sont-elles reliées?


 

[1] Montréal-Matin, 2 décembre 1970.

[2] La Presse, 2 juin 1972.

[3] Gérald Robitaille, « Nue dans un boisé », Montréal-Matin, 3 avril 1977.


 

Enquête du coroner:













 


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