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1971, 12 octobre – Gabriel Labelle, policier de 23 ans

  • 21 déc. 2024
  • 3 min de lecture


Profit personnel – Arme à feu

Sainte-Thérèse, - 1 SC

Réal Chartrand, condamné à mort, commutation de peine.

Le policier Gabriel Labelle avait obtenu des informations concernant un braqueur de banques. Le 12 octobre 1971, c’est en compagnie de son partenaire que Labelle a pris en chasse son suspect, Réal Chartrand, 27 ans. Ce dernier ne s’est pas laissé faire et il a ouvert le feu sur le policier dans les rues de Sainte-Thérèse. Labelle a été mortellement touché d’une balle au cœur. Paniqué, Chartrand s’est réfugié dans une maison, où il a tenu en otage une jeune fille de 13 ans, Hélène Sanche, durant plusieurs heures.

Le procès de Chartrand s’est tenu du 6 au 20 novembre 1972 à Saint-Jérôme devant le juge Guy Mathieu. Reconnu coupable, son exécution a été fixée au 20 avril 1973 avant que sa peine soit finalement commuée en raison de la nouvelle tendance qui s’installait au Canada et favorisait l’abolition de la peine de mort. Dans Le Devoir du 24 mai 1975, Clément Trudel écrivait : « un condamné à mort a, pour la première fois hier, plaidé sa cause en Cour suprême. Réal Chartrand pourrait être le 702ème pendu depuis la Confédération, puisque son procès devant jury a mené à un verdict de culpabilité pour le meurtre du policier Gabriel Labelle, le 12 octobre 1971. » Chartrand a plaidé à l’effet qu’il avait des éléments nouveaux à révéler et qu’il lui fallait un deuxième procès. Entre autres choses, « il accuse trois psychiatres reliés, à l’époque, à l’Institut Pinel d’avoir été à la fois juges et parties dans ce procès. »

« Interrompu à une quinzaine de reprises par les juges Louis-Philippe Pigeon et de Grandpré, Réal Chartrand n’a pas pu produire les bandes sonores du réquisitoire prononcé devant jury par Me François Beaudoin, dont certains gestes avaient été jugés dignes du Théâtre du Nouveau Monde par le juge Brossard, siégeant au tribunal d’appel. »

Le 23 mai 1975, devant la Cour suprême, Me Beaudoin dût « accepter le blâme de certains écarts de langage. » Il s’est cependant défendu d’avoir livré une plaidoirie incendiaire. Chartrand a alors fait remarquer à Me Beaudoin qu’il pouvait s’excuser mais qu’il ne pourrait certainement pas ramener une vie. Le juge Pigeon l’avait rappelé à l’ordre en lui conseillant d’éviter de répéter les mêmes choses. Mais les interventions du tueur devant l’impressionnante Cour suprême a fait dire au quotidien Le Devoir que « le condamné Chartrand n’en perd pas pour autant le fil de son exposé, qui ouvre une perspective crue sur ces détenus qui « ont le malheur d’être intelligents » ou qui n’acceptent pas leur incarcération. » Chartrand s’est même montré sarcastique en disant aux journalistes qu’il trouvait curieux qu’on le surveille constamment pour éviter qu’il ne s’enlève la vie pour ensuite mieux le tuer légalement avec la peine de mort.

L’article du Devoir rappelait que Chartrand avait eu comme codétenus John F. Connearney (1973), et René Vaillancourt (à Toronto). Ces trois hommes attendaient leur peine de mort pour des meurtres de policiers. Chartrand se plaignait principalement du fait que le seul document médical déposé lors du procès avait été un rapport du Dr Jacques Lefebvre, un omnipraticien, alors qu’il se geignait que personne n’avait vérifié sa condition mentale. Il cherchait donc à échapper à la pendaison grâce à l’aliénation mentale. Me Michel Proulx, qui avait assuré sa défense, avait voulu démontrer cette aliénation, mais le devoir du jury n’avait pas été de savoir s’il était médicalement fou mais plutôt de savoir s’il était malade mental au sens de la loi, en vertu de l’article 16 du Code criminel.

Or, Chartrand avait un lourd passé judiciaire puisqu’il avait séjourné dans des institutions comme Mont-Saint-Antoine, Boscoville, Bordeaux, Saint-Vincent-de-Paul et Pinel.  L’article se terminait en rappelant que Chartrand était toujours sous les effets de dix médicaments différents.

Dans son livre Richard « Le Chat » Blass, criminel, publié en 1983, Me Frank Shoofey a écrit qu’à la suite de son évasion du 19 juin 1974, Blass l’avait contacté par téléphone et que deux jours après « les policiers le repèrent au 7616 Boyer et procèdent à son arrestation.  Blass est en compagnie d’une amie, Francine Chartrand.  Cette dernière est la sœur de Réal Chartrand, reconnu coupable et condamné à mort par pendaison pour le meurtre, survenu le 12 octobre 1971, du policier Gabriel Labelle. »

Finalement, la sentence de mort a été maintenue par la Cour Suprême. Finalement, sa sentence a été commuée en une peine d’emprisonnement.

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