Profit commercial – Arme à feu
Montréal, Café Jan-Lou, boulevard Saint-Laurent – 1 SC
Non élucidé. Donald Lavoie, acquitté.
Le clan Dubois était en train de prendre le contrôle du centre-ville de Montréal en livrant une concurrence féroce au clan Cotroni-Violi. « Seul Laurier Gatien, propriétaire de la Taverne de Montréal, sise à l’ange de la rue Sainte-Catherine et du boulevard Saint-Laurent, au cœur de la « Main », tient tête aux frères Dubois et refuse obstinément de payer la fameuse « protection » ».
La Taverne de Montréal représentait alors un enjeu majeur pour les Dubois, qui souhaitaient faire de cet établissement leur centre névralgique pour la vente des stupéfiants et la mise sur pied d’un réseau de prostitution masculine dans le centre-ville. C’est à ce moment-là que Donald Lavoie et son frère Carl ont fait leur entrée en scène. Le samedi 19 juin 1971, les deux frères Lavoie ont rendu visite à Laurier Gatien, qui résistait toujours à leurs menaces. Ils lui ont donc donné un dernier avertissement. « On est sérieux, fais attention. Lis les journaux, demain », ont-ils expliqué avant de quitter les lieux.
Le lendemain matin, les journaux du dimanche publiaient à la une la nouvelle du double meurtre du propriétaire du Café Jan-Lou, Louis Fournier, cabaretier et chanteur à ses heures, et de son organiste, Robert Beaupré, sauvagement assassinés de plusieurs balles. Le Café Jan-Lou, situé sur le boulevard Saint-Laurent, à deux portes de la Taverne de Montréal, était un bar-salon où l’on présentait des spectacles de musique country. Il n’avait pas la réputation d'être un établissement « à problèmes », et la police était rarement appelée à intervenir sur les lieux. La tuerie s’est déroulée vers 4h30 du matin, dans la pièce servant à l’entreposage de l’alcool. C’est à cet endroit que les policiers ont découvert les corps ensanglantés des deux victimes. Le reporter du Journal de Montréal avançait l’hypothèse que ce règlement de comptes soit un « coup de semonce » destiné à effrayer une autre personne [1]
Le tueur à gages Donald Lavoie a été identifié par des témoins, ce qui l’a obligé à s’exiler jusqu’à New York, où il sera finalement arrêté un an plus tard par des policiers de la Grosse Pomme pour avoir braquer une arme sur un de leurs collègues. On l’a donc ramené à Montréal et accusé du double meurtre de Fournier et Beaupré. Il sera cependant acquitté en octobre 1972, faute de preuves.
Fournier et Beaupré auraient été atteint de cinq balles chacun. En décembre 1980, alors qu’il était trahi par Claude Dubois, Lavoie s’est fait délateur en collaborant avec les policiers. Il a plus tard participé à la rédaction d’un livre sur sa vie.
[1] De Champlain, Histoire du crime … 1980-2000
La Presse, 21 juin 1971.
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