1972, 6 juillet – Jean-Guy Champagne, 25 ans; et Jean Gravel, 24 ans

Homicide à motif indéterminé – ?

Trois-Rivières - ? SC

Non élucidé.

Jean-Guy Champagne, 25 ans, et Jean Gravel, 24 ans, travaillaient depuis peu au cabaret Rio, un endroit très populaire à l’époque situé sur la rue Des Forges, à Trois-Rivières. À l’heure de fermeture, vers 3h00 de la nuit, le serveur, qui n’a jamais été identifié, a fermé le tourne-disque. Un client s’est aussitôt levé pour remettre la musique. Le serveur est revenu éteindre l’appareil, tout en expliquant qu’il était temps de fermer l’établissement. Avec quatre ou cinq amis, le mystérieux client a alors déclenché une bagarre. Le serveur a été roué de coups. Plus tard, interrogé par les enquêteurs, il se dira incapable d’identifier ses agresseurs.

Ensuite, lorsque Gravel et Champagne ont fait le compte de la caisse, la situation semblait être revenue à la normale. Les deux jeunes employés ont donc déposé la recette de la soirée dans un sac en plastique qu’ils ont ensuite glissé derrière le bar. Un de leurs amis devait les attendre dehors pour aller manger un morceau dans un autre établissement, mais la bagarre l’avait fait fuir.

Finalement, c’est vers 4h00 que Gravel et Champagne sont sortis du Rio. Avaient-ils planifié d’aller manger quand même quelque part avant de rentrer à la maison? On ne le saura jamais puisque c’est la dernière fois qu’on devait les voir vivants.

On sait qu’un policier a collé une contravention à 4h40 dans le pare-brise de la voiture de Champagne, stationnée illégalement près du Rio. Champagne n’est jamais revenu la récupérer. De plus, l’un des deux disparus avait emporté avec lui les clés du cabaret et une somme de 200$ afin d’acheter de l’alcool avant l’ouverture du lendemain. De plus, il avait sur lui un chèque qui n’a jamais été encaissé.

L’hypothèse selon laquelle ils auraient été tué pour avoir volé leur employeur ne tient pas la route, puisqu’ils n’ont pas agis dans ce sens. Au contraire, les éléments recueillis semblaient plutôt indiquer qu’ils étaient deux employés fiables. Par ailleurs, Champagne avait reçu de son patron, quelques jours plus tôt, un autre chèque de 90$. On n’a jamais retrouvé la trace de ce chèque.

Le départ volontaire ne semble pas non plus une piste intéressante. Si cela avait été le cas, on imagine que Champagne et Gravel auraient encaissé les deux chèques afin de se donner un coup de pouce dans leurs déplacements. D’ailleurs, Champagne aurait très certainement pris son auto.

Puisque Gravel fréquentait une fille d’Iberville, où il allait chaque semaine, on a aussi enquêté de ce côté-là. Mais la petite amie en question n’a jamais revu son copain. Ce fait ne rassurait personne. Étrangement, sa copine a ensuite reçu plusieurs appels anonymes qui lui demandaient où était Gravel.

Les enquêteurs se sont heurté à la loi du silence. Personne ne parlait. Selon le journal à sensation Allô Police, le cabaret Rio était fréquenté par toutes sortes de voyous, brigands et criminels endurci. Ce sont d’ailleurs le genre de rumeurs qui subsistent encore, plus d’un demi-siècle plus tard.

Le serveur savait-il quelque chose? S’il était en mesure d’identifier au moins l’un de ses agresseurs, ce détail aurait certainement fait débloquer l’enquête. En fait, il est difficile de croire qu’il n’en connaissait pas au moins quelques-uns car dans ce genre d’établissement on finissait vite à reconnaître les clients.

Les responsables de la mort des deux jeunes hommes seraient les membres d’une bande de motards criminalisés, et j’ai même entendu une rumeur selon laquelle ont les aurait enterré dans du béton, sous un édifice quelconque qui était alors en construction à Trois-Rivières. Mais alors, comment Gravel et Champagne auraient provoqué la colère de ces criminels? Cela a-t-il un lien avec la bagarre survenue à l’heure de fermeture? Pourtant, les détails connus ne nous disent pas qu’ils aient été impliqués dans cette querelle.

Sur le site de la SQ, dans la section des crimes non résolus, une fiche est consacrée à cette affaire. La SQ souligne d’ailleurs que « l’enquête démontre qu’ils ont été victimes d’un double homicide. » Décidément, les enquêteurs possèdent des informations que le public n’a pas.