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1975, 23 juin – Debbie Fisher, 14 ans



Homicide sexuel – Objet contondant

Châteaugay – 1 SC

Daniel Couillard, perpétuité.

Debbie Fisher a été portée disparue le 23 juin 1975 à Châteauguay. Son cadavre a été découvert le lendemain dans un boisé de la même municipalité. Selon les premières constatations, elle serait morte de lacérations cérébrales et d’une hémorragie consécutive à une fracture du crâne causée par un objet contondant lourd. Rapidement, les médias ont fait un lien avec le meurtre de Norma O’Brien, survenu au cours de l’été 1974. En effet, les enquêteurs ont aussi fait ce lien, à l’exception que cette fois ils ont trouvé le suspect en quelques jours.

Les enquêteurs seraient partis de l’idée que des témoins ont vu une mobylette jaune dans le secteur où Debbie a été tuée. On s’est alors mis à rechercher son propriétaire. Par ailleurs, des citoyens ont appelé pour dire aux policiers que le meurtrier était le fils du maire, Jean-Pierre Laberge. Mais finalement, c’est par hasard qu’on a réussi à retracer la mobylette.

Le 14 juillet 1975, des policiers se sont présentés à une maison de Châteauguay afin de procéder à l’arrestation de leur suspect principal, un adolescent de 17 ans répondant au nom de Daniel Couillard. À cette époque, les journaux n’étaient pas autorisés à publier son identité mais ils l’ont fait plus tard lorsqu’il est devenu majeur et qu’il devait comparaître devant un tribunal pour adultes.

Selon les journaux, il était frêle, mesurait 5 pieds et 7 pouces et pesait 125 livres. On raconte qu’il n’a pas eu de réaction de surprise à l’arrivée des policiers car il savait exactement pourquoi ceux-ci venaient le chercher. Bien sûr, cette image de l’assassin contrastait avec celle du « monstre » que les médias avaient eu le temps de se fabriquer depuis le premier meurtre.

Dès son arrivée au poste de police, Couillard a tout avoué. Il a même donné aux policiers les détails les plus morbides. C’est ainsi qu’on peut mieux expliquer ce qui s’est produit lors de ces deux crimes.

Le 9 juillet 1974, Couillard se promenait avec sa mobylette à Châteauguay lorsqu’il a vu la petite Norma O’Brien, 12 ans. Il se disait amoureux d’elle mais sans jamais avoir été capable de lui avouer. Son cours de water-polo ayant été annulé, Norma retournait chez elle sous la pluie. Couillard l’a alors dépassé avec son petit véhicule avant de sa cacher dans les hautes herbes. Lorsque Norma est arrivée à sa hauteur, il a bondi sur elle en lui mettant une main sur la bouche et une autre sur l’épaule pour la traîner dans le champ. Après une centaine de pieds, il a relâché sa prise pour lui ordonner de se déshabiller. Puisqu’elle a refusé, il lui a donné un coup de pied sur une jambe et Norma a donc dû s’exécuter. Une fois nue, Couillard a essayé de l’agresser sexuellement, mais il « n’était pas capable », selon ses dires. La fillette aurait alors pris sa brosse à cheveux pour en frapper son agresseur, mais Couillard était plus fort qu’elle. Il s’est mis à la battre à coups de pieds et a même sauté à genoux sur elle, avant de lui enfoncer sa propre brosse dans la gorge pour l’empêcher de crier. Il s’est acharné longtemps sur elle avant de s’enfuir, sans savoir si sa victime était encore vivante ou non.

Le 23 juin 1975, presqu’un an plus tard, il se promenait encore sur sa mobylette jaune près du chemin Brisebois quand il a vu, cette fois, la petite Debbie Fischer, 14 ans. Elle se rendait chez un de ses oncles. Couillard l’a aussitôt trouvé belle avec ses longs cheveux brun roux. Il s’est installé en bordure du chemin près d’un boisé. Debbie s’est approchée sur son vélo. Couillard s’est couché par terre et a fait semblant d’avoir été victime d’un accident, en feignant d’avoir mal. Debbie s’est arrêtée pour l’aider et c’est à ce moment que le jeune tueur lui a lancé une pierre à la tête. Debbie était inconsciente lorsqu’il l’a traîné dans le bois et déshabillé. Son mode opératoire se perfectionnait et il semblait donc vouloir corriger sa première erreur, à savoir que la petite Norma avait failli lui échapper puisqu’il ne l’avait pas frappé dès le début de l’agression.

À nouveau, cependant, il a essayé de la violer mais il en fut incapable. Enragé, il a remonté son pantalon et s’est mis à frapper sa victime. On parle d’une pierre, mais la police pense aussi à une hache qu’on a retrouvé plus tard sur la scène de crime. Finalement, il a retiré la ceinture du jeans de Debbie et s’en est servi pour l’étrangler.

Le père de Norma O’Brien a confié aux journalistes qu’en entendant la nouvelle du meurtre de Debbie Fisher, il savait d’instinct qu’il s’agissait du même meurtrier. Il demandait aussi à ce que le nom de l’assassin soit rendu public puisque celui de sa fille l’avait été dès le début. Concernant le meurtre de Debbie Fisher, Couillard a dit aux policiers qu’il n’avait pas l’intention de la tuer. On peut évidemment douter de sa sincérité, d’autant plus qu’il avait connu l’expérience d’un premier meurtre. Il connaissait déjà les sensations que pouvait lui procurer ce type de crime violent.

Certaines personnes ont cru que Couillard pouvait aussi être le tueur de Sharon Prior, mais on sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas. Évidemment, il est naturel de se demander si cet adolescent était un tueur en série en devenir. D’ailleurs, une rumeur a couru à l’époque et selon laquelle il avait déjà choisi sa troisième victime, c’est-à-dire sa petite amie. Celle-ci était apparemment sur le point de le quitter, justement parce qu’elle le trouvait trop bizarre.

Le 7 juin 1976, l’avocat du jeune Couillard a refusé d’enregistrer un plaidoyer devant la Cour des adultes, prétextant que son client était mineur au moment des faits. En février 1977, le tribunal a décidé que Daniel Couillard serait jugé aux Assises, même s’il n’avait pas ses 18 ans au moment de commettre les meurtres. « C’est ce qu’a décidé à l’unanimité la Cour d’appel, hier, en rejetant l’appel logé par l’avocat du prévenu à l’encontre de jugements précédemment rendus par la Cour du bien-être et la Cour supérieure sur le même sujet. »[1]

À la fin de mars 1977, on annonçait enfin que Daniel Couillard, 19 ans, venait d’être reconnu coupable du meurtre de Debbie Fisher. Il serait éligible à une libération conditionnelle après avoir purgé 10 ans.


 

[1] La Presse, 23 février 1977.

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